RDC/Disparition de Congo Airways : Une fin amère marquée par des regrets et des leçons oubliées

Ben Ben-J SALAKO

Autrefois porte-étendard de l’aviation nationale, Congo Airways a officiellement cessé d’exister et de prester. Sa disparition laisse derrière elle un goût amer et des remords tenaces parmi ses anciens employés, aujourd’hui confrontés au chômage et à l’incertitude.

Accusé à tort de mégestion et de négligences dans la relance des activités de la compagnie, Lueya Dubier, alors directeur général, avait été traduit en justice. Blanchi de toute faute, il avait pourtant été révoqué de ses fonctions le 26 juillet par une décision signée par le président du conseil d’administration de l’époque, Jean-Bertrand Ewanga. Cette révocation, motivée par des pressions et des revendications émanant de certains agents corrompus et mal informés de la situation réelle de l’entreprise, a ouvert la voie à la décadence rapide de Congo Airways.

Aujourd’hui, la société a été remplacée par Air Congo, une nouvelle entité portée par une vision différente et de nouveaux agents. Cependant, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’injustice faite à celui qui fut autrefois considéré comme le bâtisseur de Congo Airways.

-Un management pourtant salué-

À son arrivée à la tête de Congo Airways, Lueya Dubier avait hérité d’une flotte sinistrée : deux avions cloués au sol et un appareil en maintenance à l’étranger. Dans un effort de redressement, il s’était engagé avec le ministère des Transports afin de louer temporairement deux avions, permettant ainsi de maintenir une activité minimale en attendant le retour des aéronefs en réparation.

Sous sa gestion, les salaires des cadres et agents étaient versés régulièrement, une rareté saluée à l’époque par les institutions bancaires du pays. Si certains lui reprochaient son caractère tranchant, nul ne contestait son efficacité managériale. Toutefois, ses détracteurs, motivés par des intérêts personnels, ont fomenté son départ, allant jusqu’à constituer une milice interne pour le déstabiliser.

Une instabilité chronique dans les entreprises publiques

La disparition de Congo Airways illustre un mal profond qui gangrène les entreprises publiques en République Démocratique du Congo : la politisation des syndicats et la manipulation des agents par certains politiciens. Ce phénomène, en fragilisant les institutions, nourrit l’instabilité sociale que le Chef de l’État s’efforce aujourd’hui de combattre.

Avec la perte de son Certificat de Transport Aérien (CTA) ainsi que des certifications IATA et IOSA, Congo Airways n’est plus qu’un souvenir. Tandis qu’Air Congo incarne l’avenir du secteur, nombreux sont ceux qui estiment que Lueya Dubier, bien qu’écarté, pourrait encore jouer un rôle clé dans la relève du transport aérien congolais.

En gros la chute de Congo Airways rappelle une fois de plus qu’au-delà des compétences individuelles, c’est la stabilité institutionnelle et la loyauté collective qui conditionnent la survie de toute entreprise publique.

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