RDC/Justice: le verdict du procès de l’affaire Bukanga-Lonzo est repoussé pour la du 20 Mai

Le verdict tant attendu du procès de Bukanga-Lonzo n’a pas été rendu ce mercredi 14 mai, comme initialement annoncé.

En fin d’après-midi, l’extrait de rôle affiché dans les locaux de la Cour constitutionnelle a confirmé le report.

L’affaire sera de nouveau appelée le mardi 20 mai à 13 heures. Ce contretemps prolonge le suspense autour d’un dossier aux ramifications politiques et financières considérables, portant sur la disparition présumée de plus de 285 millions de dollars. Au-delà de l’issue judiciaire, ce procès cristallise les attentes d’une opinion en quête de justice dans un pays miné par la corruption. Il s’inscrit aussi dans un contexte où les plus hautes autorités judiciaires – notamment le président de la Cour constitutionnelle et président Conseil supérieur de la magistrature – multiplient les initiatives pour faire de la justice un levier de gouvernance. Ces efforts traduisent une volonté affirmée de matérialiser la vision du président Félix Tshisekedi, pour qui la fin de l’impunité doit cesser d’être un slogan et devenir une réalité institutionnelle.

Le suspense se prolonge autour du procès emblématique de Bukanga-Lonzo. Attendu mercredi 14 mai, le verdict n’a finalement pas été rendu par la Cour constitutionnelle, où les juges poursuivent encore leurs délibérations. C’est en fin d’après-midi que l’extrait de rôle – seul document attestant officiellement de la convocation d’une audience – a été affiché. Il y est indiqué que l’affaire sera de nouveau inscrite au rôle pour le mardi 20 mai à 13 heures.

Cette annonce tardive confirme que la plus haute juridiction du pays continue d’examiner ce dossier complexe, devenu un symbole de la lutte contre les détournements de fonds publics en République démocratique du Congo (RDC). L’opinion nationale, mobilisée depuis l’ouverture de cette procédure, reste suspendue à une décision dont les implications dépassent le seul cadre judiciaire.

Un projet avorté

Le dossier remonte à 2014, avec le lancement du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo sous le gouvernement de Matata Ponyo. Présenté comme un levier stratégique de relance de l’agriculture, le projet s’est soldé, selon le ministère public, par la disparition de plus de 285 millions de dollars de fonds publics.

Trois personnalités sont renvoyées devant la Cour constitutionnelle : Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre et actuellement député national ; Déogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale du Congo ; et Christo Grobler, homme d’affaires sud-africain et dirigeant de la société Africom. Le 23 avril, le procureur avait requis vingt ans de servitude pénale principale contre l’ancien chef du gouvernement, évoquant un montage frauduleux et des détournements massifs.

Une controverse juridique persistante

Au-delà du fond, c’est la régularité de la procédure qui continue de diviser. Les avocats de la défense contestent la compétence de la Cour constitutionnelle à juger un député en exercice, invoquant les articles 107 et 164 de la Constitution. Selon eux, cette procédure viole les règles relatives à l’immunité parlementaire. D’autres juristes, en revanche, estiment que la Cour est bien compétente, du fait des actes reprochés à Matata Ponyo durant son mandat de Premier ministre.

Un signal attendu sur l’État de droit

Ce procès revêt une portée symbolique dans un pays miné par la corruption et l’impunité. Le chef de l’État, Félix Tshisekedi, a fait de la bonne gouvernance un axe majeur de son action, et l’issue de cette affaire est largement perçue comme un test de la crédibilité de cet engagement.

Le rendez-vous est donc pris pour le mardi 20 mai à 13 heures. À cette date, sauf nouveau report, la Cour constitutionnelle devrait enfin se prononcer sur une affaire qui, au fil des mois, est devenue l’un des baromètres du fonctionnement de la justice congolaise.

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